SIRESA (882 m)
Le petit village de SIRESA( province de Huesca - ARAGON - comarca de la Jacetenia) , très connu
par son monastère est situé à mi-chemin de la vallée du Rio Aragon Subordan , cette vallée sauvage qui
redescend des Pyrénées, prend naissance au pied du Visaurin (Bisaurin) 2670 m et relie la grande vallée de
Piémont , l'axe JACA-PAMPELUNE , à Puente-la-Reina de JACA.
2 Kms après ECHO (HECHO) , à l'intersection du barranco d'Hospital ( d'ESPETAL sur certaines cartes),
c'est là que se situe SIRESA, pittoresque hameau de 134 h aux maisons construites de pierres de couleur
ocre-orangé.
Cette vallée fut de longue date fréquentée, puisque y passait une chaussée romaine , venant du Béarn
et passant par le col de PAU 1942 m, chaussée romaine dont , au cours de nos étapes, nous avons pu retrouver
et longer quelques vestiges dallés.
SIRESA était un monastère, le plus au nord de l'Aragon, situé à 822 m, et dont il ne reste de nos
jours, qu'une imposante église , élément important de ce que fut le monastère de SIRESA.
Quelques éléments d'histoire :
Les premières mentions documentaires de SAN PEDRO DE siresa , se trouvent dans une donation de terres
effectuée en 833 par Galindo Garcés (comte d'Aragon entre le 833 et 844) et son conjoint Guldegrut.
On estime donc sa construction à cette époque, mais sans doute, ses antécédents furent visigothiques,
puisque les fouilles effectuées sur place en 1991, ont mis en évidence des structures correspondant à une
église de trois nefs et une abside rectangulaire, à la hauteur de la croisée actuelle, éléments que l'on
retrouve dans les constructions de cette époque.
Ses débuts précoces , elle les doit à la proximité de la chaussée romaine, assumant une fonction d' hopital-accueil
aux passants et pèlerins qui l'empruntaient.
Le premier abbé de ce monastère a été Zacarias et en ses débuts, le monastère comptait plus de cent
cinquante moines. Dès 852, siresa est connue pour la splendeur du monastère et de sa bibliothèque .
De plus, SIRESA se glorifiait de posséder un grand nombre de reliques de saints et un fragment de
la vraie Croix . Saint Euloge de Cordoue la visita et ne tarit pas d'éloges sur sa riche bibliothèque.
Avant la désintégration de l'empire carolingien, le monastère était entré dans une phase de décadence, et
Galindo I Aznárez (successeur de Galindo Garcés, comte d'Aragon entre le 844 et 867) pour réequilibrer sa
gestion, lui fit don du village principal de la vallée,ECHO en 867.
Profitant de la restauration de l'ancien siège épiscopal de Huesca, qui dura beaucoup de temps,siresa,
se retrouva, en 922 , siège épiscopal d'Aragon sous l'évêque Ferriolo.
Au cours de l'année 1082, le Roi Sancho Ramirez a accordé à cette église le titre de Chapelle Royale
(capilla réal), en établissant l'Ordre de Canóniques Réguliers de San Agustin et en le transformant en
prieuré de l'évêché de Jaca.
à l'heure actuelle , on ne sait pas pour quel motif et par quels circonstances, le monastère se trouve
sous le pouvoir de laïques.
Le futur roi Alfonso I le Batailleur, a vécu son enfance dans ce monastère, et c'est sous la tutelle de
la Contesse Doça Sancha, veuve d'Ermengoll III d'Urgell. qu'il reçut son instruction à siresa. Sans doute ,
est-ce pour ce motif, que siresa reçu plus tard, beaucoup de faveurs quand celui-ci a été roi.
A cette époque Siresa a joui d'une certaine rénaissance. Toutefois la renaissance de l'ancienne abbaye a
été interrompue vers 1145 quand ont été réunis les diocèses et que le monastère a été placé sous la dépendance
de la Cathédrale de Jaca.
Siresa perdit de l'importance en faveur de la ville de Jaca, et il ne resta bientôt dans la vallée que
seulement un groupe de douze moines.
Bien que plus de cent moines y aient vécu, siresa est actuellement seulement paroisse de Siresa, quartier
agrégé à ECHO au XIXème siècle
Les règles les plus importantes du monastère de SIRESA étaient la charité, l'humilité, la magnanimité,
l'obéissance, la solidarité, l'hospitalité, l'absence du vice, de la médisance et la prière continue y
compris nocturne.
Actuellement du monastère on ne conserve que seulement l'église.
Elle dispose d'une bibliothèque riche, digne d'éloge, et rapidement le monastère s'est transformé en
un des foyers culturels les plus importants de la Péninsule.
SAN PEDRO DE SIRESA : l'église.
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San Pedro de SIRESA est une église de type roman, classée monument historique depuis 1931.
C'est le seul vestige, de l'ancien monastère édifié là depuis le IXème siècle.
Caractéristiques
Cette église est construite en forme de croix latine et possède une seule nef, et une croisée
en trois parties, formant la tête par une abside semi-circulaire construite sur une crypte, profitant
ainsi de l'irrégularité du terrain sur lequel il est assis.
Il faut remarquer la qualité de la construction, appréciable par la solidité architectonique et le bon
taillage des pierres, ainsi que l'absence de sculpture, cas unique parmi les oeuvres les plus remarquables
que la zone.
Des trois tronçons de la croisée, le tronçon central est couvert par une voûte d'arrêtes, tandis
que les cotes latéraux sont fermés avec une voûte en berceau.
La nef et le transept sont couverts intérieurement avec une voûte en berceau soutenue dans le cas de la
nef par trois doubles arcs sur les pilastres également doublés, tandis que sur la croisée, la voûte est
d'arêtes, bien qu'ayant été précédemment semi-sphérique, et sur l'abside la voûte est en quart de sphère.
Dans tous les cas, les voûtes commencent depuis une imposte, s'appuyant sur une autre imposte à la hauteur
de la base des baies vitrées dans l' abside et le transept.
Dans plusieurs lieux du transept il y a des espèces de niches avec leur voûte correspondante
en quart de sphère, qui ont donné lieu à des autels secondaires. Au pied de la nef, nous trouvons le
portail principal.
Tant dans les embrasures ouvertes à l'extérieur que dans les murs aveugles, on réduit la grosseur de
la paroi au moyen d'arcs en dégradé, pour rendre possibles les ouvertures dans un mur en pierres de
taille calibrées.
L'église est remarquable de part ses dimensions (36.5 mètres X 29 mètres) ainsi que par les pierres
de taille rougeâtres très réguliers et par sa grande sobriété.
Dans l'église, une tribune ouverte à l'extérieur de la nef, démontre son origine carolingienne.
On accède à elle au moyen d'un escalier situé dans le côté occidental. La tribune est de plante
rectangulaire et est couverte par une voûte en croisée d'ogives.
Dans l'impressionnante austérité architectonique de Siresa on signale seulement deux éléments
décoratifs : la dentelle évasée et les arcs aveugles. La dentelle parcourt horizontalement, telle une
corniche, l'intérieur des parois de la nef et de la croisée. Dans l'abside la dentelle se trouve dans
la base des cinq fenêtres, tant dans les aveugles que dans celles qui est praticables.
La légende raconte que dans une des cavités ouvertes dans l'abside a été dissimulée le Saint Graal que
l'on considère aujourd'hui se situer à Valence.
On remarque sur le transept la structure qui abritait le cimborium original et qui a été transformée
en voûte d'arêtes.
L'abside est renforcée à l' extérieur au moyen de quatre contreforts rectangulaires qui en arrivant à la
hauteur de la base des baies vitrées deviennent triangulaires et se terminent sous l'avant-toit. Entre
eux s' ouvrent cinq baies vitrées de double arc d'un demi - point sur l'imposte, celles des extrémités
et du centre sont ouvertes à l'intérieur de manière rampante tandis que celles des deux intervalles
sont aveugles.
L'abside élargie et polygonale est entourée par des pilastres qui délimitent ses côtés. Cette forme
angulée des contreforts absidiales est unique dans l'Aragonais roman. Les bras de la croisée sont renforcés
dans le pignon avec trois contreforts qui se réunissent à ceux des extrémités au sommet central, encadrant
trois baies vitrées disposées de manière triangulaires et semblables à celles de l'abside et dont seulement
la baie supérieure donne un éclairage à l'intérieur, les inférieures étant aveugles. Dans les cotés latéraux
des bras du transept, il y a deux baies vitrées par côté avec un contrefort entre eux, celle qui est
orientée à l'EST étant ouverte, celles orientés à l'Ouest aveugles.
Dans le centre des bras de la croisée un petit contrefort marque la situation des absidioles.
Dans le côté sud, une chapelle construite devant, le dissimule en partie.
Nous pouvons diviser le coté méridional de la nef en deux niveaux, le niveau supérieur ayant
trois de grandes baies vitrées du même style que ceux décrits précédemment et un clocher avec deux
embrasures à côté du pied de la nef, tandis qu'au niveau inférieur s' ouvrent quatre grands arcs,
le portail latéral se trouvant dans l'un des deux , les autres étant aveugles.. Dans le pignon occidental
on trouve le portail principal et très près de l'avant-toit deux baies vitrées jumelées, et un peu plus bas
une petite baie vitrée qu'illumine la galerie existante sur le narthex à l'intérieur.
Dans le bras nord de la croisée on trouve l'arc original sous forme de mitra, différent des arcs
romans utilisés dans la région. Un contrefort centré indique l'absidiole à l'intérieur.
La liturgie processionnelle carolingienne nécessitait des églises à trois nefs . On suppose
aujourd'hui qu'il y a eu deux côtés de l'actuel nef, qui communiquaient par les grands arcs aveugles ;
mais en réalité aveuglés, des deux parements nord et sud. Le chrisme trinitaire a été adapté au portail
lors de la réforme du XIIème siècle .
à la fin du siècle XIII, l'église est restaurée, la différence entre l'oeuvre primitive et l'oeuvre
restaurée est parfaitement visible : dans la première, on a employé la pierre calcaire dans des lignes bien
disposées, tandis que dans la deuxième est en maçonnerie et en tuf.
Biens Meubles
à l'église appartient une collection de retables gothiques peints dans le siècle XV, consacrés à la
Très Sainte Trinité, à Saint Jean l'evangéliste, à Saint-Jacques et à San Esteban.. Deux autres retables,
du XVIIème siècle sont consacrés à Notre dame du Rosaire et San Blas. Aussi à elle appartiennent une
image de la Vierge, romane du XIIIème siècle et un Christ gothique de bois polychromé, de la même époque
de grand valeur artistique (unique à son époque et dans son style).
Remarquer aussi , les deux piles baptismales de jaspe
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