Lorsqu'il naît au
Château de l'Isle Jourdain, en Gascogne, Bertrand a un avenir tout tracé
devant lui. Petit fils du comte de Toulouse Guillaume de Taillefer, cousin
des comtes Guillaume IV et Raymond IV de Saint Gilles , il grandit au
milieu des chevaliers , des troubadours et des personnages les plus en vue
du comté de Toulouse.
Mais contre toute attente, Bertrand tourne le dos à la carrière des armes et décide de devenir prêtre: il entre chez les chanoines de Saint Etienne de Toulouse alors que l'Eglise est engagée, depuis peu, dans une importante réforme. Depuis le haut moyen age,
l' Eglise était tombée sous la domination des rois, des princes et
seigneurs. Hildebrand, moine italien devenu pape sous le nom de Grégoire
VII, décide de redresser la situation en imposant des décisions
réformatrices.
Devenu évêque du Comminges en 1083, il mettra toutes ses forces en jeu pour appliquer la réforme Grégorienne dans toute la région. Durant quarante ans , jusqu'à sa mort en octobre 1123, son action aura trois axes principaux : - ramener la paix en
imposant aux Seigneurs la Trêve de Dieu
Ces trois axes font de Saint Bertrand un personnage très moderne , qui pourrait être notre contemporain et qui reste un modèle pour nous alors que la paix est toujours fragile, que la pauvreté gagne du terrain et que l' Eglise est elle aussi engagée dans un vaste mouvement de réforme depuis le dernier concile qui s'est tenu à Rome entre 1962 et 1965. A sa mort, le petit peuple du Comminges ne s'y trompera pas en le considérant, spontanément, comme un saint : son tombeau deviendra un lieu de pèlerinage dont la renommée dépassera rapidement les seules frontières de la région. panneau explicatif cathédrale de St-Bertrand-de-Comminges |
En fait,
nous ignorons la date de sa naissance, vraisemblablement vers la moitié du
XVè siècle, et son entrée dans le chapitre des chanoines de Saint Etienne
à Toulouse vers 1073 .
Et son nom apparaît pour la 1ère fois dans une charte par laquelle Bernard, évêque de Dax restitue en 1084 le prieuré de Puntous à l'abbaye de Saint Benoît sur Loire. La date de son décès est située au 16 octobre 1123 et sa canonisation en raison de ses vertus, de son zèle et de son don de thaumaturge estimée en 1218. Pour honorer sa mémoire et son rôle actif, la cité des Convènes prend le nom de Saint-Bertrand de Comminges. Dès 1222, les textes ne désignent plus la cité épiscopale sous les antiques noms de Civitas Convenarum ou de Lugdunum Convenarum et emploient définitivement cette nouvelle appellation . Une ville médiévale prenait le nom de son évêque..
|
![]() |
Devant la foule des pèlerins qui rendaient visite à la tombe du saint homme, l'archevêque d'AUCH chargea le moine VITAL notaire apostolique de recueillir des renseignements sur Saint Bertrand. Celui-ci rédigea en 1179 le récit de la vie et le recueil de ses miracles . Et c'est cet ouvrage rédigé en latin, de lecture facile qui nous fera connaître mieux Saint Bertrand. Consacré pour ses 2/3 aux récits des miracles de Saint Bertrand (31 miracles y sont mentionnés, 14 relevant de la période où il vivait, (+1), 16 récits relatifs à la période après sa disparition ). L'étude de cet ouvrage est particulièrement intéressant
autant sur la vie et les préoccupations de Saint Bertrand que sur le message
que voulut transmettre VITAL. Il nous grosse un portrait de l'évêque dans
l'esprit de la réforme grégorienne
|
Les
miracles accomplis de son vivant montrent un évêque préoccupé de la
nourriture de ses ouailles et attentif à leur bien-être.
5 récits sont relatifs à des problèmes quotidiens et montrent un pasteur qui ne se désintéresse pas des problèmes quotidiens de son troupeau , surtout à une période où les mauvaises récoltes , les épidémies et les famines étaient monnaies courantes. Saint Bertrand nous apparaît comme un homme de terrain dont la tâche est de redonner vie et de relever de ses ruines la cité épiscopale. D'autres récits nous le montrent soucieux de restaurer une certaine droiture de son clergé et d'exiger de celui-ci un retour à la sainteté. Nous le retrouverons redresseur de torts ( 8 récits) , justicier et juge , homme plein de douceur et de prévenance, mais capable de se fâcher lorsque nécessité fait loi. Les récits relatifs à la période posthume nous le montrent comme libérateur et guérisseur. ( 7 récits de libération, 9 récits de guérisons). .
|
![]() |
le MAUSOLEE de SAINT-BERTRAND Il faut édifié par l'évêque Pierre de Foix (1422-1451) au premiers tiers du XVè siècle, destiné à recueillir et vénérer les reliques de Saint Bertrand ( qui furent transférées en 1476) La face tournée vers le chevet est couverte de peintures sur pierre datant du XVIIè siècle et reproduisant les scènes miraculeuses de la vie du saint. ( historiographie de la vie de saint Bertrand et de la vie du pèlerinage). Le panneau supérieur raconte l'histoire de Sanche Parra ( restitution des troupeaux volés - libération de Sanche de sa prison). Sur le plan médiant, c'est la mission évangélique de SAINT BERTRAND au val d'Azun. ( avec la réception par la délégation des prêtres à Arrens ,des mottes de beurre préparées par les habitants de la vallée ). Au registre inférieur , ce sont les cérémonies du 16 janvier 1309, 4 cardinaux portant la chasse de Saint Bertrand.
|
Dans la niche au dessus de l'autel ( en marbre de Sarrancolin 1737 ), repose dans un buste argenté les restes de Saint Bertrand. La face tournée vers le choeur est percée d'une cavité centrale contenant la grande chasse (d'argent et d'ébène où repose le corps du saint). Elle ne sort à l'extérieur qu'à l'occasion des jubilés. |
|
![]() |
![]() |
|
les boiseries du choeur ( l' un des plus purs joyaux de la Renaissance
française) n'oublient pas St Bertrand qui y est représenté de multiples
fois.
( cette oeuvre pleine de magnificence fut réalisée grâce au mécénat de l'évêque Jean de Mauléon qui l'inaugura la nuit de Noel 1535).
|
nous terminerons par un extrait de culture et Foi, au pays de Saint Bertrand bulletin paroissial
l'Actualité
d'un message
Mais ce que nous aimerions faire découvrir aux pèlerins
comme aux touristes c'est l'actualité du message de saint Bertrand . Dès son
choix de la vie canoniale, on devine qu'il avait un caractère bien trempé. car
ce choix n'allait pas de soi. Lui, le grand aristocrate, devint religieux chez
les tenants de la réforme Grégorienne qui, entre autres, luttaient pour
reprendre aux seigneurs le pouvoir qu'ils avaient indûment confisqué aux
clercs.
il aurait pu mener une brillante carrière politique et
militaire, il mettra toute son énergie à défendre l'évangile et les plus
pauvres de son temps. Les 3 axes qu'il s'était donné
- ramener la paix
font de saint Bertrand un personnage très moderne ,
qui pourrait être notre contemporain et qui reste
un modèle pour nous alors que la paix est toujours fragile, que la pauvreté
gagne sans cesse du terrain et que l' Eglise est elle aussi engagée dans
un vaste mouvement de réforme depuis le dernier Concile qui s'est tenu à Rome
entre 1962 et 1965. Que ce message reste le meilleur
souvenir que vous emporterez de Saint Bertrand de Comminges.
Jakez Chilou
|
![]() |