Sites de la voie du Piémont Pyrénéen

Ordiarp


 

 
Le village d’Ordiarp
Ordiarp –Urdinarbe
est un lieu chargé d’histoire, avec le passage des pèlerins qui cheminaient vers St Jacques de Compostelle par la voie du Piémont Pyrénéen.

Une étape sur la Voie Piémont Pyrénéen
 Il s’agissait en fait d’un hôpital destiné à accueillir les pèlerins en route pour Compostelle. C’était un lieu très disputé car il rapportait beaucoup d’argent. Plusieurs paroisses annexes y payaient la dîme comme Idaux, Mendy, la chapellerie d’Aussurucq, Garindein, Musculdy, Viodos et Libarrenx.

  A sa tête, il y avait le commandeur qui était d’ordinaire un chanoine de Roncevaux, il présidait les Etats de Soule en tant que juge – né à la Cour de Licharre et avait à Ordiarp un siège très distingué dans la paroisse pour y entendre les offices que le vicaire perpétuel y devait célébrer. Il ne pouvait d’ailleurs exercer aucune des fonctions curiales.   Selon les documents cadastraux, l’hôpital d’Ordiarp était situé derrière l’école, sur la route de Garaïbie. Un peu plus loin, se trouvait le moulin de l’hôpital, aujourd’hui résidence secondaire privée   Il y avait aussi le curé principal (appelé aussi « vicaire perpétuel ou recteur »), le sacristain et les clercs. Le curé principal était celui de Musculdy jusqu’en 1739 et les vieux actes lui donnent le titre de « recteur de Peyriède ».

 Quant au commandeur, il n’était pas très souvent sur place et,   parfois pas très honnête non plus : en 1590, Arnaud de Maytie, est nommé commandeur d’Ordiarp jusqu’à sa mort en 1622 et, après une enquête faite en 1623 par la chancellerie de Navarre, il est dit qu’ « il ne s’y fait aucune distribution aux pèlerins. C’est par une « indue et abusive conversion des fruits et des revenus » que l’évêque d’Oloron disposait de la commanderie d’Ordiarp ». (Arch. Dep. Pyr Atl. G229).

 Depuis 1189, les Augustins de l’Abbaye de Roncevaux avaient établi à Ordiarp une commanderie ; il s’agissait en fait d’un hôpital bâti au Moyen – Age pour abriter les pèlerins ou les voyageurs en route vers St Jacques.   Les hôpitaux n’étaient pas d’ordinaire destinés au soin des malades, et il faut les considérer comme des hôtelleries, des étapes…C’est le sens « d’hospitalité » dont on parle alors et ils étaient très nombreux dans la région (beaucoup de villages ont gardé le nom tels que Hôpital St Blaise, Hôpital d’Orion…).

On ne connaît pas le moment de la fondation de la Commanderie d’Ordiarp. Selon les historiens, ses origines sont dues à la charité chrétienne d’un noble seigneur de Soule. Il s’agirait du seigneur potestat de la maison de Geintein nommé Lou de Janute qui aurait donné (ou bien un de ses successeurs) une partie de ses domaines + les dîmes qu’il possédait tant dans son village d’Ordiarp que ceux de Musculdy.

Le premier document qui mentionne Ordiarp date de 1189 et fait référence à l’église St Michel et à sa communauté de clercs. Le deuxième document date de 1270 et évoque l’hôpital. Aussi, cette maison hospitalière a dû être construite entre 1189 et 1270.

Les dépenses de la Commanderie sont variées : elle doit payer chaque année 40 F pour l’entretien du bâtiment de l’église St Michel d’Urdiarbe par décision du Parlement de Bordeaux, et 21 F à l’évêque d’Oloron pour « l’arciot ». Le commandeur doit aussi donner au recteur (curé principal) 30 robos de blé + 14 robos de millet + 21 conques de  pommes et 3 F en argent. Il doit aussi inviter à manger trois fois dans l’année, le recteur, le sacristain et d’autres clercs.

C’est à partir du XVIème siècle, à cause des guerres entre la France et l’Espagne, que Roncevaux a eu des difficultés pour recevoir les revenus de ses propriétés en France. Certaines commanderies étaient souvent séquestrées   par les clercs ou par les laïques, parfois avec l’aide de quelques évêques. En 1603, la Commanderie d’Ordiarp était séquestrée par Arnaud de Maytie, évêque d’Oloron depuis 1617. En 1683, elle est séquestrée par le chanoine Bonecac au nom de l’évêque d’Oloron. De plus, il y avait le désir de dépouiller Roncevaux de ses biens en France sous prétexte « qu’ils étaient étrangers et donc ne pouvaient pas obtenir de bénéfices ecclésiastiques en France ».

Pourtant, Henri IV avait assurait qu’étant donné sa position de roi de France et de Navarre, pour lui tous les navarrais et notamment les chanoines de Roncevaux, n’étaient pas pour lui des étrangers et qu’ils pouvaient obtenir des bénéfices ecclésiastiques.

C’est à cause de toutes ces difficultés que de nombreux procès eurent lieu entre les Parlements de Bordeaux, Toulouse, St Palais ou Paris…

D’ailleurs, en 1558, les chanoines de Roncevaux avaient pensé faire un échange avec l’évêque et le chapitre de Bayonne ou bien avec St Sernin à Toulouse entre les biens que ces derniers possédaient en Espagne et ceux que Roncevaux avaient en France. Or, les chanoines français n’ayant aucune difficulté pour percevoir leurs revenus en Espagne, ils ne furent pas intéressés par cet échange jusqu’au début du XVIIIème siècle.

En 1635, Philippe IV roi d’Espagne, autorise Roncevaux à séquestrer les biens que Bayonne avait en Navarre pour compenser ceux séquestrés en France. De son côté, Louis XIV fait de même avec les clercs français, et c’est à partir de ce moment là que Bayonne et Roncevaux commencent à négocier.

Après plusieurs réunions ratées,   c’est finalement le 11 novembre 1712 au Palais Episcopal de Bayonne que Roncevaux et Bayonne ont effectué l’échange. Le traité d’échange fut ratifié par les rois de France et d’Espagne le 23 décembre 1712. Il fut confirmé par le Pape Clément XI et exécuté par bulle (décret du pape scellé de plomb) le 28 novembre 1719 par l’évêque de Pampelune. Roncevaux donna à Bayonne 11000 écus de plus – value car la valeur des biens espagnols était plus grande que les français.

De ce fait, en 1815 l’hôpital d’Ordiarp a été transféré à Mauléon, à l’Hôpital Général, appelé aujourd’hui Hôpital St Louis.

Aujourd’hui, la maison portant le nom de «  HOSPITALETUA » c’est – à – dire « petit hôpital », se trouve sur l’emplacement de l’ancien hôpital et est le seul « témoin » de cette époque moyenâgeuse.  


 

EGLISE

le pont « romain  » qui mène à l’église. On ne connait pas exactement la date de construction du pont. La grille près du portail empêchait les cochons de se rendre au cimetière et d’y faire des dégâts. Au dessous, c’est l’Arangorena , qui prend sa source à Garaïbie, quartier d’Ordiarp.

 

se dresse l’église romane St Michel qui date du XIIème siècle. En levant la tête, vous découvrez le clocher un peu atypique. Contrairement aux églises souletines   qui sont coiffées de clochers dits « trinitaires » ou  « calvaires » - trois pics en pierres - , notre église est surmontée d’un clocheton carré. Selon les documents d’archives, en 1570 un incendie endommagea   le clocher ainsi que le toit de l’église, et voilà comment les paroissiens se sont mobilisés pour les réparations.

 

 

Le premier document qui mentionne Ordiarp date de 1189 et fait référence à un prêtre et à une communauté de clercs. C’est une église dont l’architecture est romane : au centre, l’abside en cul – de – four est encadrée par deux chapelles, celle de gauche est dédiée à la vierge, et à droite se trouve le retable. Datant du XVIIIème, il est en bois sculpté et peint en doré. Il est aussi classé. Les chapiteaux ont été endommagés durant les guerres protestantes, cependant, on peut distinguer des formes géométriques et même une tête. L’appareillage des pierres est différent au niveau du chœur et à l’entrée : au fond, les ouvertures sont très étroites et font penser à des meurtrières, tandis que de l’autre côté, elles sont plus grandes et laissent passer davantage la lumière.

L’église a été brûlée en 1570, c’est la raison pour laquelle la couleur des pierres du chevet (à l’extérieur) est marron foncé, comparé au gris du reste de l’édifice.

La date de construction des deux ponts n’est pas connue, aussi les paroissiens et les pèlerins empruntaient les gués pour se rendre à l’église.

La statue de St Michel a été dérobée il y a une quinzaine d’années.

Il y avait une coutume très étrange au XVIème siècle, puisque lors d’un décès, un animal était sacrifié le jour des funérailles : si le défunt était issue d’une famille aisée on immolait un mouton, s’il était pauvre, une poule. S’il s’agissait d’une femme, on tuait une brebis. Une fois sacrifié, l’animal était placé sur la maître-autel de l ‘église. C’était une vieille croyance qui disaient que les cierges et les offrandes de nourriture devaient éclairer et nourrir les morts dans leur existence outre – tombe.

De nos jours la messe est célébrée en basque tous les dimanches.
 


 
Claire ORABE
Raconteur de pays
contact : tél 05.59.28.34.54

 


 

la salle du Centre d'évocation du Patrimoine Souletin 

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