Et cette abbaye aura pour vocation de contribuer à défricher les Baronnies ( elle créera des granges qui deviendront bastides par la suite ) et les alentours, de jouer son rôle d'étape sur les chemins vers l' Espagne et Compostelle .Un hôpital y sera construit pour l'accueil des pèlerins. Un premier bâtiment sera construit en 1148, un second hôpital sera ouvert en 1211. Cette abbaye connaîtra une prospérité telle qu'elle leur permettra de fonder dix autres abbayes dont celles de Flaran et de Bouillas , et de participer à la création des bastides de Masseube et de Réjaumont. Son rayonnement s'étendra jusqu'en Espagne . Elle bénéficiera de la protection des comtes de Bigorre et en particulier de la Comtesse Pétronille. Peu à peu, sa prospérité diminuera, et au XVIème siècle, elle subira les dommages des guerres de religion, sera soumise au vol de pillards qui la saccageront ( en 1567 Linières, bandit de grand chemin la saccagera ) , l'endommageront (chevet, porche de l'abbatiale (ou narthex) et abside et bâtiment des converts détruits ) et l'incendieront. Les bâtiments ne seront reconstruits qu'au XVIIème ( 1er étage du bâtiment des moines ) et XVIIIème siècles. A la Révolution elle devient bien national, sera vendue, devenant la propriété de 3 acheteurs successivement. Elle restera ensuite la propriété d'une même famille jusqu'en 1986.( à la famille Nayrac succèdera la famille Frossard). Monument historique depuis 1939, elle sera classée en 1981 dans l'inventaire national des lieux à vocation d'animation culturelle , par le ministère de la Culture . Une association en fera l'acquisition ( l'association Rencontre de l'Escaladieu) qui organisera la restauration et une animation des lieux). En mai 1997, le Conseil général des Hautes Pyrénées en fera l'acquisition. Ce joyau de l'architecture cistercienne revient au domaine public. Concerts, expositions y sont dorénavant organisés.
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le Mouvement Cystercien
(en quelques mots ) Il est né des travers de l'ordre clunisien qui avait tout simplement perdu son objectif premier : le retour à la règle bénédictine. Et ce retour, des hommes allaient le faire . Quelques moines sous la direction de Robert de Molesme décidèrent , en 1098, à Citeaux en Bourgogne, de créer une nouvelle communauté où la règle bénédictine serait scrupuleusement respectée. C'était le 21 mars 1098, jour de St Benoît et dimanche des rameaux. Le modèle cistercien eut un succès immédiat et se répandit dans toute l' Europe sous l'impulsion de Bernard de Fontaines (futur saint Bernard ) qui fit de l'abbaye de Clairvaux un centre spirituel très important. 150 ans plus tard, on comptait près de 700 abbayes régies sous cet ordre. Toutes ces abbayes se caractérisaient par une grande sobriété . Absence de décorations sculptées, sobriété dans les vêtements etc . Avec le temps, la règle stricte laissa place à un plus grand relachement, d'autant plus que les abbayes s'étaient enrichies de part une bonne gestion des domaines, et petit à petit , l'ordre cistercien retomba dans les travers que ses fondateurs avaient dénoncés.
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Plan de l'Abbaye de l'escaladieu |
Visite de l'abbaye
L'Eglise ou abbatiale : Elle garde l'atmosphère austère des abbayes cisterciennes. Pas de sculptures, pas de décoration, mais un dépouillement extrême conséquence de la rigueur des règles cisterciennes. Les pierres de taille soigneusement agencées traduisent cette sobriété. Et au final, l'acoustique est de bonne qualité. Sur le transept
gauche, une porte menait autrefois au dortoir des moines ( situé sur la
salle capitulaire ) et une ancienne fenêtre permettait aux handicapés de
suite l'office.
Le clocher octogonal est du XVIIIème siècle. Il est
surmonté d'un dôme. Il est
construit sur la tour romane et le transept droit. Le chevet plat habituel des
abbatiales cisterciennes a disparu. La nef est fermée par un mur provisoire
depuis le XVIème siècle. Sa voûte en
berceau brisé est soutenue par des doubleaux alternativement en pierres et en
briques et s'appuie sur deux gros piliers carrés marquant les travées de la
nef. Son sol est recouvert d'un carrelage faïencé qui date du
XIVème siècle: ces azulejos aux teintes claires et aux motifs géométriques
ou floraux sont dus à l'influence mauresque . |
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L'armarium
claustri :
En fait c'est la bibliothèque où les moines rangeaient les livres de prières et les manuscrits utilisés pour l'office. ( on y voit les emplacements des étagères) . La sacristie : Cette pièce est conjointe à l'église avec laquelle elle communique par une porte sur le transept gauche. Les niches dans les murs servaient à ranger les objets lithurgiques.
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La salle capitulaire ( ou salle du chapitre) : C'est la plus belle pièce de l'Abbaye, et sans doute un joli modèle de restauration . Elle date du XIIème siècle et est un magnifique exemple d'art gothique méridional. Elle comprend 2 travées et demi. Ses voûtes à croisées d'ogives de brique et pierre , reposent sur 4 élégantes colonnes en marbre de Campan.( bien plus anciennes ) surmontées de chapiteaux. Et cette alternance de briques et pierre donne une chaleur à la salle. Un banc de pierre entoure la salle . C'est en effet là que se réunissaient les moines pour lire un chapitre de la règle de saint benoît. Lieu de prière, lieu où se réglaient les problèmes d'organisation matériels, c'était le seul endroit de l'abbaye où l'on pouvait s'adresser directement la parole. De rares sculptures, celles en feuilles d'eau qui rappellent symboliquement l'abbaye mère de Citeaux. |
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Porte
de l'escalier :
Elle mène au dortoir des moines ( XIIème siècle ), lequel est situé au dessus de la salle capitulaire. Initialement c'était un dortoir, maintenant c'est aménagé en chambres. Le parloir :
Passage vers le jardin:
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Le
scriptorium:
C'était la salle de travail des moines. Elle date du XUIIème siècle, mais a été très largement remaniée au cours des siècles. Notons, que c'est un moine de l'Escaladieu, VIDAL, qui rédigea un opuscule dénommé le "Livre des Miracles de saint Bertrand," vers 1170, à la demande de Guillaume, archevêque d'Auch et neveu de saint Bertrand , ouvrage qui constitue la première attestation du passage des pèlerins sur la voie du piémont pyrénéen. Le chauffoir :
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1er étage des bâtiments conventuels :
Le 1er étage présente :
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Emplacement du cloître :
Ne reste du cloître qu'un espace vert parsemé de quelques colonnes qui supportaient les voûtes du mur oriental. Les bâtiments qui l'entouraient ont été remaniés au XVIIème siècle. D'autres ont disparus ( réfectoire, cuisines, bâtiments des convers ) . Alors on ne peut qu'imaginer ce que fût ce cloître avec ses 5 travées par galerie. Le siècle dernier, il fut acheté par un riche Américain pour décorer sa demeure, et il se trouve à présent en Californie. Il y est d'ailleurs classé monument historique des Etats Unis. Nous le rendront-ils un jour?
Fontaine du cloître :
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Ancien
réfectoire des moines :
N'en restent que quelques traces au sol. Ruelle des convers :
Bâtiments des converts : Lui aussi fut détruit. Il ne reste que quelques traces au sol. Son extrémité Nord subsiste dans le bâtiment de la ferme . On ne peut que l'imaginer. |
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Bâtiment de
la ferme :
Ce bâtiment est toujours en ruine. construite au XVIIème siècle, englobant les éléments du XIIème, ce bâtiment avait un premier étage servant d'habitation, tandis que le rdc servait d'écurie. Hostellerie et porterie : construite au XVIIème siècle, aujourd'hui restauré, c'est l'accueil pour les visiteurs par lequel vous êtes entrés dans l'abbaye.
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les détails techniques sont tirés du document l'Abbaye Cistercienne de l'Escaladieu édité par le Conseil Général des Hautes Pyrénées et fourni lors des visites de l'abbaye. |
Quelques photos complémentaires
de
la salle capitulaire
vue
vers le cloître
scriptorium
cellules
des Moines
eglise
abbatiale
eglise
abbatiale
l'Abbaye de l'Escaladieu
L'Abbaye de l'Escaladieu nous surprendra par sa sobriété. Elle nous rappellera
que pendant longtemps les pèlerins sur la Voie du Piémont Pyrénéen y
trouvèrent un hopital pour les héberger. Et les pèlerins d'aujourd'hui
retrouveront la trace de leurs prédécesseurs médiévaux.
Merci de votre attention
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