Sites de la voie du Piémont Pyrénéen

Mirepoix

Une des plus belles bastides Ariégeoises


 

Le pèlerin de la Voie du Piemont Pyrénéen a lors de sa pérégrination la chance de traverser la plus jolie bastide Ariégeoise, MIREPOIX.

Et ce sera pour lui, le moment de se remémorer cette période du Moyen Age où l'on a construit de multiples bastides, d'en voir une très typique, d' apprécier la qualité de sa construction  et de savourer la quiétude de sa place centrale dite des couverts.

Le mot bastide provient du mot bastida qui en latin médiéval et en langue d'oc introduit une idée de construction.

Et à partir de 1220, on utilisait l'expression "bastida seu villa nova " bastide ou village neuf, et "bastida sive populationes"  bastide ou centre de population. Et c'est  dans un but de combler un vide, contrôler un axe commercial, retenir une population  auprès d'un château, d'une abbaye que ces bastides seront construites selon une architecture bien particulière, avec un centre du village ( place, halles ...) et des rues quasi rectilignes autour, souvent même des remparts de protection autour des habitations.

Ce mouvement de construction de villages neufs durera près de 130 ans. 

 
  MIREPOIX
 

Aperçu de l'histoire de MIREPOIX 

Les historiens parlent de l'existence d'une agglomération celtique  très tôt dans l'histoire. Il est vrai que le site sur le bord de l'Hers et entouré de collines était favorable à cette implantation. Son nom viendrait de cet environnement : Miro (belle) – Pech (colline). Mais la première ville sera détruite par les invasions barbares Goths ou Vandales.

 La première mention de MIREPOIX daterait du Xème siècle et serait relative à une ville établie sur la rive droite de l'Hers au pied du château de Terride. 

Dans le système féodal qui prévaut dans ce XIème siècle, MIREPOIX verra le nombre de ses coseigneurs grandir et atteindre 36 au debut du XIIIème siècle. 

Comme dans tout le Languedoc, MIREPOIX verra l' influence cathare s'y développer , et la communauté cathare très importante dans la cité accueillera un important concile de 600 croyants et parfaits venus sans doute y décider la construction de Montségur. 

Lors de la Croisade des Albigeois, MIREPOIX ne pourra résister longtemps devant les troupes de MONTFORT venus les conquérir , devra capituler le 22 septembre 1209, et son défenseur Pierre Roger de Bellisen  s'en s'echapper. 

La ville sera alors octroyée à GUY de LEVIS le 1er decembre 1212. Mais après la mort de Simon de Montfort à Toulouse , et la reconquête par les seigneurs locaux des territoires dont ils avaient été spoliés,  le château reconquis en 1222 par les troupes de Raymond Roger de Foix ,  les quatorze coseigneurs qui ont survécu à la croisade reprennent possession de leur seigneurie .

Devant un Languedoc affaibli, la Croisade suivante montée par Le roi Louis VIII, réinstallera des seigneurs du nord à la tête des seigneuries locales.. Ainsi, par l’ordonnance de Pamiers (8 octobre 1226), Guy 1er de Lévis prend possession de MIREPOIX et la seigneurie est placée sous l'autorité directe du roi de France. 

Les Lévis sauront jouer de diplomatie et s'intégrer dans la vie de MIREPOIX.

La ville se remettait doucement des malheurs des Croisades lorsqu'elle fut fortement frappée en 1279  par une catastrophe.

Suite à une rupture du barrage de Puivert, l'Hers déborda de son lit détruisant toute la ville de MIREPOIX.. Seuls le château, l’église Saint Maurice et les couvents des Cordeliers et des Trinitaires construits plus massivement ou en hauteur ,échappèrent à cette inondation destructrice. (16 juin 1279).

Les Lévis entreprirent quelques années plus tard, la reconstruction  sous forme de bastide , un peu plus à l'abri des débordements de l'Hers, à l'endroit actuel, d'une nouvelle ville  organisée autour d'une place centrale ( une très grande place de 112 m sur 55 m) , avec un quadrillage régulier des rues.

Elle sera munie de fossés et de remparts ( dont subsiste encore la porte d'Aval aujourd'hui classée aux Monuments historiques), et fait près de 400 m sur 400m. (12 rues dans un sens, 8 rues dans l'autre) 

La reconstruction sera longue, et non achevée au début du XIVème siècle, mais sous l'administration des Lévis et des Consuls, MIREPOIX verra son expansion se développer. 

Son église Saint Maurice sera érigée en cathédrale et accueillera un évêché en 1317. 

 

Suivra une période assez pénible pour MIREPOIX . Le fléau de la peste s'abattra sur elle ( en 1348, puis en 1361 et 1382), la guerre de cent ans engendrera la misère, sans compter les rivalités entre les héritiers de la famille des Lévis qui les verront s'engager dans des camps opposés, les raids meurtriers des routiers installés au château de Pujols qui incendieront la ville en 1362. 

Et les conflits qui rebondissent entraineront la signature d'un paréage avec le roi de France (27 juillet 1390) . Dès lors la garnison du roi s'installe à MIREPOIX et le roi a des pouvoirs de justice importants.

Le XVIème siècle verra cependant une période d’accalmie, du moins jusqu’aux guerres de religion. La reprise du commerce, la baisse des épidémies favoriseront un développement de la cité. Les Pénitents blancs s’installent à Mirepoix (1600) tandis que les Pénitents bleus construisent une nouvelle chapelle. Louise de Roquelaure, régente de la seigneurie durant la minorité de ses fils, fait reconstruire l’hôpital qui dispense gratuitement les soins aux pauvres.

Le XVIIème siècle verra des transformations dans la ville, l'implantation d'une mairie par les Consuls, la construction d'un séminaire. Le traité des Pyrénées entraîna des temps plus calmes et dès 1680, la démolition des remparts fut entamée. les fossés furent comblés et ne le seront complètement que vers 1760. 

Le XVIIIème siècle verra la construction d'un solide pont de pierres et le développement du commerce. 

Mais avec la révolution, MIREPOIX perdra son siège épiscopal et les possessions des Lévis seront vendus comme biens nationaux.

Le XIXème siècle s'accompagnera d'un déclin de la ville et il faudra attendre l'époque moderne pour voir un lycée s'y construire et une politique de développement basée sur le tourisme s'y développer.

 

 

Les couverts :

 

La place centrale de MIREPOIX est bordée de maisons à colombages  recouvrant des galeries de bois en Rdc de ces maisons ornées par endroit de sculptures.  Ceci s'explique par le fait que les impots étaient basés sur l'occupation des sols. 

 

Et les couverts abritaient les étals des marchands. 

 

Parmi ces diverses maisons, la maison des Consuls ( ancienne maison de justice du seigneur local ) est très riche avec au dessus de la poutre maîtresse ses 25  solives sculptées en têtes humaines très expressives. : femmes à coiffes, tête barbue, tortue, sanglier, ours etc ...et mérite une attention particulière. 

  Les maisons à colombage bordant la place centrale n’ont que peu changé depuis leur construction .  Un incendie dans la nuit du 15 au 16 février 1914 en ravagea une partie qui sera restaurée par la suite ; ils seront classés monuments historiques

 

 

 

 

La cathédrale Saint Maurice de MIREPOIX:

 

Sa construction débute le 6 mai 1298 par les seigneurs de MIREPOIX peut de temps après le début de la construction de la bastide.  

En 1317, elle est promue cathédrale sous Jean XXII 2ème pape d'Avignon. Et les travaux d'agrandissement dureront de 1327 à 1506 .

Cette église paroissiale était une église méridionale gothique. 

Les 2 premiers évêques ( Raymond d'Athon  puis Jacques Fournier qui deviendra pape sous le nom de Benoît XII) chercheront à réunir des fonds. Et c'est leur successeur, Pierre de LAPERAREDE qui réalisera la construction du choeur et des 5 chapelles rayonnantes. 

La Guerre de Cent ans provoquera l'arrêt des travaux (1355 - 1411), arrêt dû sans doute plus à la diminution des recettes qu'aux faits de guerres eux-mêmes. 

Et ce sera sous l'épiscopat de Philippe de Lévis , que de profonds travaux seront réalisés. 

Il dégagera la cathédrale des maisons voisines, fera construire le clocher de 60 m de hauteur. On lui devra l'embellissement intérieur de la cathédrale, notamment

- l'élargissement de la nef coté nord
- le porche d'entrée
- le clocher
- le palais épiscopal accolé à la cathédrale.

Pierre de DONNAUD transformera et enrichira l'intérieur de la cathédrale. 

Sous la révolution, l' évéché sera supprimé, la grosse cloche de Philippe de Lévis fondue, et la cathédrale devient le temple de la déesse Raison.

Après la mort de Robespierre , elle est rendue au culte. 

Ce n'est que sous le second empire (entre 1858 et 1865) que se terminera la construction de la cathédrale. Et c'est VIOLLET le DUC qui dressera les plans finaux de celle-ci, avec élargissement de la nef sud, surélévation des murs de la nef et du choeur , construction de la voûte.

Mais en ce XIXème siècle, beaucoup de ses beautés auront disparu tels les stalles  du choeur ( 44 hautes et 32 basses) vendues aux Anglais, le maître-autel de marbre remplacé.

Le 22 mars 1907 l' Eglise de MIREPOIX est classée dans son intégrité parmi les monuments historiques. 

Au final, il aura fallu 6 siècles de travaux pour faire de la cathédrale Saint-Maurice de MIREPOIX, le beau bâtiment actuel. 

 

 


de l'eglise paroissiale


à la cathédrale d'aujourd'hui

 


intérieur de la cathédrale


La cathédrale a une nef unique, 48 m de long, 22 m de large, 24 m de hauteur. Elle n'a pas de transept. 

Elle figure parmi les cathédrales les plus larges d'Europe. 

Du point de vue construction, la pierre domine. Son orientation est Est-Ouest. 

les anciens vitraux ont été remplacés entre 1857 et 1865.


plan de la cathedrale

 

Merci de votre attention