Une histoire moyen-âgeuse assez compliquée

Difficile de suivre l'histoire de ce chateau dans cette époque Moyen -Ageuse, tant il changea de propriétaire selon les mariages, cessions, occupations, ventes et jeux subtils de la politique.
Il est vrai que nous sommes à l'époque féodale, et que les domaines seigneuriaux se font et défont suite à des mariages et des successions.

Mauvezin sous Gaston Fébus et après

En 1375 se joue la succession du comminges. L'affaire se règle par mariages interposés, Gaston Fébus renoncera au Comminges, mariera son fils Gaston à Béatrix d'Armagnac, et en compensation, se fait donner la châtellerie de Mauvezin (entre autres).

Le chateau de Mauvezin devient donc en 1379, un des châteaux de Gaston Fébus, et entre (définitivement) sous l'autorité de la lignée Foix-béarn (mais la Bigorre ne l'est pas). Gaston Fébus y place Raimond de Lannes comme châtellain.  En cette période, le château est particulièrement renforcé. (construction du donjon de 36 m) ..

Mauvezin sous les guerres de religion

Mauvezin , chateau comtal en cette époque appartient à la lignée Foix-Béarn qui gère de plus la Navarre. Lorsque la reine Jeanne d'Albret opte pour la réforme en 1571, elle n'est pas suivie dans tous ses territoires , d'où des troubles dans la région.  Le Chateau de Mauvezin sert d'appui pour les troupes de la reine Jeanne et de lieu sûr pour les rançons et les produits des pillages.  Il est sous l'autorité d'un lieutenant de capitaine.

Les premiers troubles ont lieu en 1567 lorsqu'un bandoulier Jean Guilhem de Linières, capitaine réformé, se met à piller le secteur.  (il sera mis hors d'état de nuire par les seigneurs du voisinage).

Puis, en 1569, c'est Montgoméry , (fidèle de la reine Jeanne) qui fait étape à Mauvezin , lors de sa campagne contre les ligueurs. 

En 1585, les ligueurs font parler d'eux et sèment le trouble dans la région. En représaille contre l'évêque de comminges Urbain  de saint-Gelais , un des chef de la Ligue à Toulouse, Sus, capitaine de Mauvezin va s'emparer la cité épiscopale de St Bertrand de Comminges .

Le chateau de Mauvezin assure la fonction de prison pour les fauteurs de troubles et procède à l'exécution des fauteurs condamnés.  

du XVIIème siècle  à nos jours.

En 1667  , un rapport de Louis de Froidour grand maître des Eaux et Forets parle du château comme un bâtiment à demi-ruiné et inhabité mais pourrait encore servir. En fait, le chateau a perdu tout intérêt stratégique. Il y aura quelques capitaines jusqu'en 1696.

En 1715, le roi échange les terres de Mauvezin, mais conserve encore la propriété du chateau.  

En 1790, est crée le département des Hautes Pyrénées. Mauvezin et son Château rejoignent la Bigorre juridiquement (après plus de 4 siècles de séparation). Les biens ecclésiastiques sont mis en vente mais pas le château qui devient domaine national. En fait, il est en ruine et sert de carrière pour les habitants de la région.

En 1813, lors de la retraite de Soult devant Wellington, le sous-préfet de Bagnères de Bigorre prend un arreté de remise en état de défense du chateau, mais ,il ne jourra aucun role historique vu que le passage des troupes se fera plus au nord.  

En 1830, le chateau est considéré comme bien communal . La commune ne peut assumer son entretien , et trop de personnes s'en sont servi comme carriere de pierres. Elle commence à comprendre l'intéret touristique du site et commence à prendre des mesures de sauvegarde. Elle louera le chateau  en 1863 à Achille Jubinal (qui est un des fondateurs des musées de Tarbes et de Bagneres) avec promesse de vente (lequel veut le préserver et en faire un site touristique) , mais son décès ne permettra pas les travaux de restauration. Sa fille héritera du chateau mais s'en désintéresse, n'ayant pas d'attaches avec les Pyrénées.

Il faudra attendre encore 30 ans pour qu'il soit racheté par Bibal,  fondateur de l' Ecole Gaston Fébus, institut qui entreprendra les travaux de restaurations et de valorisation touristique du Chateau de Mauvezin, et qui oeuvre encore de nos jours. 

 Redoutable guerrier, connu pour ses chevauchées, ses chasses et ses fêtes, fin politicien sachant user des alliances selon l' opportunuité, Gaston Fébus était aussi un homme particulièrement cultivé, qui fut poète, écrivain, et également musicien. On lui devra un des plus beaux livres de cette époque médiévale, le merveilleux "Livre de la chasse" ainsi que des poèmes et des chansons (dont Aquerros los montagnes)

Gaston Fébus ( en réalité Gaston III dit Fébus) est né le 30 avril 1331 à Orthez au château de Moncade.

Il était le fils de Gaston II de Foix-Béarn dit le Preux, comte de Foix, vicomte de Béarn, et d'Eléonor de Comminges. Il y recevra une éducation stricte, apprenant très tôt le maniement des armes. Très jeune, une passion de la chasse naîtra en lui.  Mais sa mère Aliénor saura s'entourer de juristes, d'hommezs savants et de sages pour lui donner une éducation littéraire de bon niveau : latin, langue d'Oil, langues d'Oc. 

Son père Gaston II étant mort à Séville au cours d'une croisade contre les musulmans, il lui succède très jeune (12 ans) en 1343 et hérite de divers territoires morcelés : à l'ouest, les vicomtés de Béarn , de Marsan et de Gabardan et à l'est, le comté de Foix , les Basses-terres albigeoises et le Lautrec ; au milieu, le Nébouzan. Sa mère assurera la régence jusqu'à ses 14 ans. 

Sa position politique est délicate et il doit hommage au roi d'Angleterre, Édouard III, duc de Gascogne, pour ses possessions occidentales , et au roi de France, Philippe VI de Valois pour ses possessions orientales, et même au roi d' Aragon pour quelques-unes de ses possessions catalanes.  En ce qui concerne le Béarn , c'est un statut d'indépendance qui prévaut. Cette situation particulière lui permit d'être ménagé par les rois rivaux et à rester neutre dans les conflits, notamment dans ceux de la guerre de Cent ans auquel il ne participe pas, prétextant que le Béarn est neutre.

Le 4 août 1349 , à 18 ans, il épousera à Paris Agnès de Navarre (16 ans), fille de Philippe III de Navarre et de Jeanne II de Navarre, soeur du roi de Navarre , devenant par la même occasion le beau-frère de Philippe VI . Il la répudiera dès qu'elle lui donna un fils (en 1362) , pour des raisons de dot incomplète dit-on.

Il se montrera chef de guerre redoutable, adoptera pour devise "Toquey, si gauses! Touches-y,si tu l'oses, combattra les anglais en 1345 , participera en 1356 à une croisade en Prusse auprès des Chevaliers Teutoniques,(c'est d'ailleurs  au cours de cette croisade qu'il adoptera le surnom de Gaston Fébus  -occitanisation de Phoebus , le dieu grec du soleil-),  contribuera en 1358, pendant la Jacquerie, à la délivrance de la cour de Meaux et combattra de multiple fois le comte d'Armagnac, lequel a des prétentions sur le Béarn (1372). Ne raconte-on pas qu'à Launac, le 3 décembre 1362, il a écrasé son voisin le comte d'Armagnac, l'a fait prisonnier et exigé une énorme rançon pour sa libération . C'est d'ailleurs à la suite de ce fait d'armes qu'il va acquérir les seigneuries de Lannemezan, Mauvezin et Tournay. 

Son objectif suivant sera d'eviter une confrontation directe avec le Prince Noir, fils du souverain anglais. Les circonstances l'y aideront en obligeant le prince Noir à intervenir dans une querelle dynastique en Castille, l'obligeant à éponger les dettes par la levée d'un impot spécial en Aquitaine , lequel entrainera une vague de révoltes dont le règlement épuisera pour un temps l'énergie anglaise.

Fébus profitera de cette époque de paix pour protéger ses terres par l'implantation et la remise en état des chateaux, et par réformer son administration.
Mais la reconquête de la Bigorre et la prise de Mauvezin par le duc d'Anjou l'obligera à reprendre les armes contre le comte d'Armagac qu'ilassiégera et dont il obtiendra la capitulation à Cazères.

Dès lors, il récupère le chateau de Mauvezin, pièce stratégique de grande importance dans son dessein de réunification de ses territoires, le fortifie par la construction de la tour-donjon de 37 m , améliorant ses défenses et proposera sa protection aux seigneurs et communautés de Bigorre et de Comminges.

Un destin exceptionnel terni par une tragédie
Gaston Fébus était connu pour son caractère violent. Mais est-ce volontairement qu'il aurait tué son propre fils lors d'une dispute ( en 1382), lequel avait été emprisonné pour cause de participation à un complot contre sa personne? Accident ou meurtre ??